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Kippour 5784: le discours de notre présidente

Retrouvez ici l'intégralité du discours de Kippour 5784 par Aline Benain, présidente d'Adath Shalom

Chers Amis,


Sans doute l’oublions-nous parfois, surtout à ce moment de la journée quand la faim tiraille un peu et la migraine s’annonce, mais nous vivons – aussi – un jour de joie. Rabbi Chimon ben Gamliel rappelle (Taanit, chapitre 4, michna 8) qu’il n’y avait pas en Israël de plus grande Simha que celles du 15 Av et de Yom Kippour que l’on peut entendre, enseigne Rabbi Itzhak Louria, Yom ke’Pourim, le jour qui est comme Pourim.


Joie étrange et paradoxale cependant, née du jeûne, de la prière, d’un examen de conscience intime et rigoureux, forgée dans le libre engagement de faire autre chose, de faire mieux, « de chanter à l’Eternel un chant nouveau. » (Psaumes, 96,1)


C’est, depuis 35 ans, la raison d’être d’Adath Shalom.


Dans un monde qui, chaque jour un peu plus, semble livré au chaos, nous portons avec une conviction têtue la possibilité mise en acte d’un Judaïsme ouvert, exigeant, capable de répondre dans la dynamique du Hidouch, de l’interprétation fidèle et féconde, aux questions que posent notre modernité. Un Judaïsme qui soit pour nous et pour tous, loin de tout esprit d’anathème, une forme de réparation, de tikoun, en même temps qu’une voie de pérennité.


Cet engagement est notre ambition collective. Elle est portée par chacune et chacun d’entre vous.
Elle est portée, inspirée, dès l’origine, par Rivon. Elle continuera à l’être, soyez-en sûrs, selon les modalités qu’il aura choisies.
Elle est portée, inspirée, aujourd’hui, comme elle le sera demain, par Josh.
Nous entrons, vous le savez, dans la dernière année du processus qui fera du Rabbin Weiner, le Rabbin d’Adath Shalom.


Pour accompagner au quotidien, dans la mesure modeste de mes moyens, cette transition, je veux dire à quel point je suis admirative et souvent émue de la manière dont elle est menée par nos deux Rabbins.
Le Talmud met en scène les disputes d’Hillel et Chamaï. Adath Shalom a la chance exceptionnelle, peut-être unique, d’avoir Hillel… et Hillel : Hillel haZaken, l’Ancien, l’épithète est de respect, de gratitude et d’amitié vives, qui restera présent parmi nous, et Hillel le Jeune, qui travaillent tous deux en belle harmonie.


Notre histoire continue, elle se pérennise, il faut nous en réjouir.
Le Midrach Tanhouma (sur Beha’alotcha 11,1) rapporte l’histoire du Palais d’un Roi, פלטין של מלך, construit sur des bateaux dont seule la solidarité, la force des liens qui les unissent les uns aux autres, assurent, dans cette configuration inédite, la solidité de l’édifice.
Soudés par un idéal commun, les vaisseaux d’Adath Shalom sont cependant tous singuliers. C’était notre souhait, c’est notre réussite et notre force. Je ne doute pas un moment qu’ils resteront unis et même que d’autres encore viendront élargir notre flotte.


Il est ainsi une petite barque qui grandit vite et dont je suis certaine qu’elle en constituera très bientôt une pièce maitresse : Noam Olami France, notre Mouvement de jeunesse massorti vient de célébrer sa première année pleine d’existence. Pour l’occasion il a pris le nom de Darkei Noam où vous reconnaissez sans doute le début d’un verset des Proverbes (3,17) que nous chantons lorsque nous rentrons la Torah dans l’Aron haKodech : « Derakhéa Darkhe Noâm », « Ses voies sont pleines de douceur… ». Sous l’impulsion d’Elias Garzon, dont l’investissement est exceptionnel, s’est constitué un groupe cohérent qui ne demande qu’à s’élargir. Il rassemble des jeunes d’Adath Shalom ainsi que des autres communautés parisiennes, DorVAdor et Neve Shalom, et entretient des liens étroits avec Maayane Or à Nice, Judaïca à Marseille, Or Shalom à Aix-en-Provence.
Elias a poursuivi sa formation cet été à la Yeshiva Massorti de Jérusalem et son séjour lui a permis aussi de rencontrer dans un esprit précieux de dialogue d’autres jeunes Juifs d’affiliations diverses.
Nous espérons avoir la possibilité d’offrir la même opportunité à d’autres encore, dans les mois qui viennent.
Cette année, outre la poursuite des activités régulières et l’organisation d’un Mahane d’été de 15 jours, seront proposés à vos enfants, un Mahane d’hiver, des Chabbat pleins et des rencontres avec les jeunes d’autres communautés européennes. N’hésitez pas à contacter Elias.
Bien sûr, mais faut-il le préciser, la joie qui est la nôtre de voir se développer Darkei Noam, en symbiose avec Adath Shalom et ses valeurs, ne nous empêche pas de continuer à accueillir Noam EI et de souhaiter be-hatslakha à tout le groupe.


Adath Shalom continue aussi de tisser sa toile. Notre site internet rénové et désormais totalement opérationnel propose des contenus inédits en particulier en ce qui concerne notre liturgie. Il est un outil pédagogique remarquable par nos futurs Bné Mitzvah comme pour tous ceux qui souhaitent s’investir plus pleinement dans l’office. Hélène Defossez le met très régulièrement à jour de telle sorte que vous avez la possibilité d’y trouver aussi notre actualité, les drachot de nos Rabbins et des membres de la Communauté, toutes les informations dont vous pouvez avoir besoin. N’hésitez pas non plus à le faire connaitre, il est un chemin très pratique et efficace pour arriver jusqu’à nous.


Sur les réseaux sociaux, en quelques mois, le talent de Clara et Elkana Hayoun a fait du compte Instagram d’Adath Shalom l’un des plus consultés en matière de Judaïsme. Il permet aussi à des jeunes de s’investir dans la vie communautaire à partir d’un support qu’ils maitrisent parfaitement.
Notre Rabbin, enfin, vient d’initier sur YouTube, avec la complicité du journaliste Antoine Mercier, une série d’entretiens réguliers diffusés sous le titre « Hadech Yamenou », « Renouvelle nos jours ».


Ces accomplissements, parmi beaucoup d’autres que vous connaissez aussi ou que je vous invite à découvrir, ce que nous avons déjà fait comme ce que nous allons faire encore, doivent tout à l’engagement de nos Rabbins, à celui d’Elkana Hayoun, notre magnifique Hazan, à la présence d’Hugues Krygier et aussi d’Hélène que nous sommes heureux de retrouver pour ces offices de Fêtes, à celui de Gabriela, la Directrice de notre Talmud-Torah, à celui des salariés d’Adath Shalom, Isabelle, Moché, Stéphane et Marie.


Ils doivent enfin, et je veux le rappeler ce soir, à nouveau, avec une force qui est hommage et reconnaissance à celui, opiniâtre, efficace et discret d’une cohorte de bénévoles toujours trop réduite et dont je répète qu’il est important de veiller à n’épuiser, à force de sollicitations, ni la vigueur, ni l’enthousiasme : les membres du Conseil d’Administration bien-sûr, ils garantissent le fonctionnement quotidien d’Adath Shalom tout en veillant à son avenir, mais encore, Pierre, notre Baal Koré, Dominique, protectrice de nos Sifre Torah, Geneviève et toute la belle équipe qui organisent, tâche exceptionnellement lourde, ces offices de Tichri, Laurence, qui vient de participer à la rédaction et de signer pour Adath Shalom une Charte contre les violences conjugales initiée par le FSJU dont nous vous parlerons très rapidement, Pascale, Karine, Georges, Eric, Anne, Claire, Siu Ming, François… et quelques autres.


Sans elles, sans eux, Il n’y aurait, ni ces offices de Fêtes, ni nos Chabbat partagés, ni aucun des moments que nous aimons vivre ensemble. Il faut s’en souvenir et le faisant, penser aussi à les rejoindre.
Nos vies professionnelles et personnelles sont très prenantes, il nous semble souvent courir sans cesse mais je suis convaincue que nous avons tous la possibilité d’offrir un petit peu de temps à une entreprise que nous savons juste et belle.


Je ne veux certainement pas faire la leçon, juste partager avec vous une petite blague : on raconte qu’un Rabbin qui traversait son Shtetl -ou son Mellah- vit un fidèle de sa communauté le dépasser en courant. Il prit sur lui de l’arrêter et lui demanda où il allait si vite. Le fidèle lui lança dans un souffle : « Il faut bien que je gagne ma vie ». Sans doute, lui répondit le Rabbin mais tu cours vite parce que tu pars du principe que ta vie est devant toi. As-tu songé qu’elle pourrait, elle, être à tes trousses et qu’en accélérant ainsi tu l’empêches décidément de te rattraper ?
Je le dis chaque année, dans le domaine financier comme dans tous les autres, il n’y a pas de petits engagements. Seulement des engagements précieux. Des engagements uniques. Des engagements indispensables. Votre engagement, dont nous avons besoin et sur lequel, en confiance, nous comptons plus que jamais.

Mes Amis, pour trop d’entre nous 5783 a été difficile, parfois très cruelle. Je forme des vœux sincères pour que le temps, comme il peut, apaise la douleur, pour qu’il transforme, ainsi qu’il sait faire, doucement, les souvenirs qui font si mal en bénédictions vives.


Alors que nous nous souvenons aujourd’hui même du sacrifice de ceux qui sont tombés, il y a juste cinquante ans, au service d’un pays que nous aimons infiniment, nous pensons aussi au présent d’Israël, Etat des Juifs, état démocratique, respectueux de toutes ses minorités dont nous ne nous résignerons jamais à voir le visage défiguré par le fanatisme et la haine suprémaciste.
נֵצַח יִשְׂרָאֵל, לֹא יְשַׁקֵּר, Netsar Israël lo Yechaker (Samuel I, XV, 29), « L’éternité d’Israël ne mentira pas », c’est notre espoir, notre conviction, notre engagement porté en actes.


Puisse cette nouvelle année, être enfin propice à toutes celles et tous ceux qui partout se battent pour leur liberté et leur dignité.


Puisse 5784 être douce et sereine, pour chacune et chacun d’entre vous, pour vos familles, pour notre Communauté, pour Israël, pour notre Peuple tout entier, pour toutes celles et tous ceux qui, partout parmi les Nations, aspirent en vérité à la fraternité et à la paix.
Puissiez-vous tous, mes Amis, être inscrits dans le Livre de la Vie.
Ossé Chalom bim romav, Hou yaassé Chalom aléinou Vé al kol Israël Ve al kol Yochve Tevel.


Chana Tova ou G’mar Hatima Tova !
Aline Benain.

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