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Emor: sanctifier le temps

Dracha prononcée par Manès à l'occasion de sa Bar Mitsva, paracha Emor 5783

La paracha Emor par Manès

La Paracha Emor que nous venons de lire met de l’ordre dans le calendrier, en nous donnant une liste détaillée de chaque fête juive : quand commence-t-elle, combien de temps dure-t-elle, quelle est son essence, que doit-on faire ou pas, et quelles sont les coutumes de la fête.

Autrement dit, ce texte nous demande quelque chose de fondamental : sanctifier les Temps. 

Ce thème a particulièrement attiré mon attention et j’ai essayé d’en savoir plus. Que signifie sanctifier le temps ?

Sanctifier, c’est rendre saint – Kadosh, c’est-à-dire, séparé́, singulier, à part. La Torah évoque souvent la sainteté- la Kédousha  d’Israël, de celle du Tabernacle, du Temple ou du prêtre. Parfois, elle nous demande d’être saints nous-mêmes : « Kédoshim Tiheyou ».  

Mais dans Emor, le texte introduit une autre dimension de sainteté, celle du temps. 

Le terme utilisé est  Moéd  qui signifie  fête, mais surtout, un temps fixé à l’avance. Il fait aussi allusion à une réunion, un rassemblement. D’où̀ le nom Ohel Moéd  – littéralement : la tente du temps ou d’assignation. C’est l’endroit où Moïse rencontrait Dieu pendant les errances du peuple hébreu dans le désert. 

Moéd  est donc un rendez-vous avec le temps. Les Chabat et les fêtes sont des rendez-vous avec le divin, mais aussi avec nous-mêmes, avec l’entourage, la famille, la communauté. Des moments de réflexion, mais aussi des moments de passion commune. C’est comme si Dieu avait inscrit des dates dans notre agenda pour le rencontrer. 

C’est un temps divin, mais lorsqu’il est sanctifié, il devient un temps humain. 

Fixer les Moadim – les fêtes, dans un agenda, nous permet d’avoir une « feuille de route », de savoir d’où l’on vient, où l’on est, et vers où on va. Ainsi, on peut « se connecter » au rythme et au cycle de l’année. Cette mitsva de sanctification montre que le temps n’est pas une routine linéaire : il a une circularité. Quand l’année se termine, on recommence.

A certains temps de l’année, nous avons des « escales  saintes » qui sont les Chabbats et les jours fériés. C’est pourquoi la Paracha donne autant de détails sur les fêtes et nous demande de les observer. Elle est d’ailleurs appelée « Parachat Hamoedot » : la Paracha des Temps, des rendez-vous et des jours chômés. 

Le Chabat et toutes les fêtes énumérées dans la Paracha sont appelés des Mikraé Kodèsh – des temps saints. Les sanctifier, représente le renouveau, le progrès.

Fixer le temps dans le calendrier, c’est devenir responsable et respectueux du temps, pour mieux progresser, évoluer, et prendre conscience de la préciosité de tous ces moments. 

Fixer le temps dans le calendrier, c’est comprendre que bien qu’il soit hors de notre contrôle, on peut choisir de faire une pause et de nous unir pour chérir chaque instant et les remplir de sens. C’est bien l’idée de la sanctification du temps. 

Dans Moed, il y a le mot Ed – témoin et Ad – perpétuité. C’est aussi l’anagramme du mot Amoud – Pilier et Omed : se tenir début. 

Ce qui m’amène à la réflexion suivante : Moed serait le pilier et le témoin du temps à tout jamais. 

On comprend mieux pourquoi Dieu nous demande de faire de tous les Chabat et les Moadim, une Houkat Olam – une loi perpétuelle. 

Le rôle du peuple d’Israël est de sanctifier le temps, de donner un sens à ce monde temporaire, de l’élever et de le relier à l’éternité́. 

Emor est enfin la Paracha qui mentionne la Mitsva du comptage de l’Omer : 49 jours depuis Pessah jusqu’à Chavouot, destinés à préparer les Hébreux à recevoir la Torah. Le temps le plus important du peuple juif, mais dont le message est universel.

Il s’agit donc de comprendre le sens du temps et de célébrer chaque Moéd comme une occasion de se souvenir de ce qu’on a reçu et de le transmettre à la génération suivante. Enseigner aux jeunes les valeurs importantes, c’est sanctifier le temps.

Ce que la Torah n’avait pas prévu, ce sont les repas des fêtes : le Couscous du vendredi soir, la Bkaïla de Roch Hachana et le Msoki de Pessah. Ça aussi c’est à transmettre et à sanctifier ! 

Je profite de ce moment, où nous sommes réunis pour « sanctifier » ce jour de ma BM et je remercie tous les membres d’Adath Shalom qui nous accueillent depuis plus de 15 ans, les rabbins Rivon Krygier et Josh Weiner, tous mes enseignants du Talmud Torah, dont Jonathan, Isabelle et Elias, et bien sûr la préparatrice la plus dynamique de Paris et de La Rochelle : Goty ! 

Boker tov !  / Chabbat shalom

Retrouvez ici la dracha du rabbin Josh Weiner sur la paracha Emor

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