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Questions au rabbin: Pessah

Retrouvez dans cet article les réponses aux questions diverses posées au rabbin Josh Weiner à propos de la fête de Pessah... et n'hésitez pas à lui poser les vôtres!

Les germes de blé sont-ils hamèts ?

C’est hamèts (produit par le trempage du blé pendant plusieurs jours), et doit être fini avant Pessah, ou détruit ou donné. Concernant la “vente” de hamèts : certains disent que tout cela est stupide et ne devrait pas être pratiqué du tout. D’autres disent que c’est tout à fait acceptable. Et il y a une position intermédiaire selon laquelle les produits qui pourraient contenir du hamèts peuvent être vendus, et ceux qui sont 100% hamets ne peuvent pas l’être. Selon cette dernière opinion, le germe de blé ne peut pas être vendu. Le meilleur conseil : manger ce qu’on peut avant la fête et donner le reste à des amis.

Pourquoi Dieu a-t-il endurci le cœur de pharaon ?

La question du *pourquoi Dieu a endurci le cœur de Pharaon* est difficile ! Je peux donner une réponse partielle. Si l’on regarde les versets, après les 5 premières plaies, Pharaon a endurci son propre cœur. Dans les cinq dernières, c’est Dieu qui le fait. C’est comme un accro qui a le choix jusqu’à ce qu’il le perde, mais la responsabilité reste. Même si l’esclavage en Égypte était prédéterminé par Dieu et par la causalité, chaque Égyptien, y compris Pharaon, avait le choix d’être cruel ou non.

Cette année Pessah tombe Chabbat, est ce que Chabbat prime sur Yom Tov? Est-ce qu’on allume les bougies de Yom Tov avant la havdalah?

Pour la première nuit et le premier jour, chabbat ajoute ses obligations et ses interdictions. On allume des bougies en disant “lehadlik ner chel chabbat veyom tov” (et on allume aussi une bougie de 24 heures), et on ajoute les lignes sur le chabbat dans les prières et dans le kiddouch. Il est interdit de cuisiner le jour du chabbat, même si habituellement le jour de yom tov, on peut parfois le faire. La deuxième nuit, motzei chabbat, est moins contraignante. Après l’heure de havdalah, on allume à nouveau des bougies à partir d’une flamme existante, et on dit la bénédiction “lehadlik ner chel yom tov”. Plus tard, lorsque l’on commence le seder et que l’on récite le kidouch, on inclus la havdalah dans le kidouch (le texte sera dans la haggada). Au moment où l’on mentionne le feu, on lève les mains vers les deux bougies que l’on a déjà allumées.

Faut-il voir les restrictions alimentaires de Pessah comme une privation (de l’ordre du jeûne) ou comme une “joie” (et donc presque un encouragement à manger plus pour aller au-delà) ? Ou les deux ?

La deuxième hypothèse, c’est sûr ! Il suffit d’imaginer Pessah dans l’ancienne Jérusalem, un grand barbecue où tout le monde mangeait le sacrifice de viande enveloppé de matsa douce et de maror épicé, buvait du vin, racontait des histoires, posait des questions et célèbrait le retour des récoltes et de la vie. Les restrictions donnent un sens à la nourriture que nous consommons : nous ne mangerions probablement pas de matsa et n’en parlerions pas si nous avions le choix de manger aussi de la brioche. Et il est vrai que la matsa est appelée le “pain de la pauvreté”. Mais nous racontons l’histoire de notre pauvreté comme si nous étions maintenant riches et libres, et l’atmosphère devrait être à la joie, pendant toute la semaine!

Certains rabbins parlent du symbolisme du hamèts comme étant l’orgueil, l’ego, la vie non-religieuse qui doivent être détruits. Mais si le hamèts était mauvais, il ne serait pas autorisé toute l’année et obligatoire lors des autres fêtes. C’est juste que pour cette semaine, il est important d’apprendre le message de la matsa (simplicité, confiance, patience) et d’en jouir aussi.

 Pourquoi pendant le seder récitons-nous le Hallel en deux parties ?

La meilleure réponse à mon avis, et la plus simple, est logistique. En théorie, le Hallel devrait être lu en même temps que la performance de la mitsva, comme tenir le loulav et dire le Hallel à Soukot. Mais comme ici la mitsva est de manger le repas, et qu’il est impossible (ou du moins impoli) de manger et de chanter en même temps, nous avons une partie avant le repas et une autre après.

Comment acheter pour Pessah dans le commerce non cacher : produits laitiers ? Chocolat ? Confiture… existe-t-il un guide?

Je dirais : tout ce qui contient un seul ingrédient peut être acheté sans surveillance *avant* le début de Pessah : café, lait, yaourt nature, épices, huile. Pour les autres choses, il est préférable de vérifier.

Est ce qu’on sait à quelle période la Haggada a été compilée? Est ce qu’au début de la Haggada c’est un passage du Talmud qui est cité ? Est ce qu’on peut expliquer la question du sage dans la Haggada et la réponse?

Il s’agit en fait d’un mélange de textes de différentes époques. Le plus ancien est de l’époque de la Michna, et certaines citations de la Michna (donc ≈ deuxième siècle). Il y a des parallèles avec les textes talmudiques, et parfois des différences surprenantes.

Certains textes de la Haggada jouent avec d’autres textes. L’histoire de ces cinq rabbins joue avec un texte similaire dans la Tosefta. Mais ici, raconter l’histoire de la sortie d’Égypte devient le devoir le plus important, et non les lois du Temple. La discussion de la Michna sur le moment du Chema devient, dans la Haggada, une discussion sur l’histoire de la sortie d’Égypte. Les quatre questions que nous posons ignorent une des questions du Talmud.

C’est donc un jeu textuel !

Quels sont les passages obligatoires à lire de la Haggada ?

La structure minimale consiste à poser des questions (ma nichtana ou les tiennes), à raconter l’histoire de la sortie d’Égypte, à dire les mots “pessah, matsa, maror” et à expliquer ce qu’ils sont.

Je pars de chez moi la veille de Pessah, et je rentre pour une nuit pendant Hol Hamoed, est ce que je peux faire la Bedikat la veille au soir ?

Si tu ne peux pas le faire le jeudi soir, tu peux (dois !) le faire la veille ou l’avant veille, sans bénédiction.

Est ce que je peux donner mon hamèts au lieu de le vendre ?

Encore mieux, cela résout de nombreux problèmes halakhiques et éthiques!

Pendant Hol hamoed, est ce que je pourrais préparer du travail pour après la fête ? Écrire ? Ou est ce qu’on doit éviter au maximum ?

Si c’est pour le travail, tu peux faire le minimum de travail que ton employeur attend de toi, y compris écrire et préparer des cours pour après le fête.

Est-il possible que deux personnes qui ont des pratiques différentes concernant les kitniyot vivent ensemble ? 

Cela aide s’ils s’aiment ! Kitniyot ≠ hamèts! La tradition achkénaze d’éviter les kitniyot ne concerne que leur consommation : posséder et voir n’est pas un problème, s’asseoir à côté de quelqu’un qui en mange n’est pas un problème, et utiliser les mêmes casseroles pour les aliments kitniyot et non-kitniyot les uns après les autres n’est pas un problème.

Je voudrais une précision sur la bénédiction qu’il faut faire sur la Matsa. Pendant Pessah, certains décisionnaires ont tranché qu’il faut faire Hamotsi à chaque fois, est-ce que c’est bien ça? Ou est ce qu’il faut faire Mezonot (hors des repas de fête) ?

Toujours hamotsi pendant Pessah. je crois qu’après Pessah, les séfarades disent mezonot s’il ne s’agit pas d’un vrai repas. Exception: si tu fais le “matsa brei”, (cherchez la recette si vous ne connaissez pas !), et les morceaux de matza  sont chacun assez petit, même les ashkénazes disent mezonot.

Pourquoi le Seder a-t-il autant d’étapes ?

C’est une très bonne question ! On a parfois l’impression que le seder est très long et compliqué, alors qu’il devrait être amusant et simple. Je pense que c’est parce que nous essayons de faire beaucoup de choses en même temps :

1) Raconter l’histoire de la sortie d’Égypte, avec des questions, des réponses et des discussions.

2) Garder et transmettre tous les souvenirs de notre peuple.

3) Faire un bon repas, comme à chaque chabbat et à chaque fête.

4) Montrer que nous sommes libres et non esclaves (par exemple, les quatre coupes).

Tout cela prend du temps… Même si nous appelons le repas un “Seder” (ordre), il est généralement un peu désorganisé, non ?

Pourquoi parle-t-on seulement de quatre sortes d’enfants ? On pourrait décrire bien plus de personnalités (colérique, rêveur,  paresseux, attentif …. etc.)  

C’est une très bonne question. La réponse technique est qu’elle provient du texte de la Torah lui-même. En quatre endroits différents, la Torah décrit un parent racontant l’histoire à ses enfants de différentes manières, et dans trois d’entre elles, il y a un enfant qui pose une question. En général, nous croyons que chaque mot de la Torah est là pour une raison, et qu’il n’y a jamais de répétition inutile. Ces quatre fois sont donc considérées comme des exemples de quatre façons différentes de raconter l’histoire à quatre types d’enfants différents.

Mais c’est tout à fait juste, il y a en réalité des millions de personnalités et donc des millions de façons de raconter l’histoire. Même au sein d’une même famille, la façon dont vous avez parlé de la liberté l’année dernière est peut-être différente de la façon dont vous le ferez cette année…

Retrouvez toutes ces questions ainsi que d’autres sur des sujets nombreux et variés dans la rubrique de notre site internet “Questions au rabbin”

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