Synagogue Massorti Paris XVe

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Hineni me voici isaac abraham jacob toledot

Hinéni! Me voici!

Dracha prononcée à l'occasion de la Bar Mitsva d'Elie Petrover le 22 novembre 2022

Paracha Toledot 5783

Par Elie Petrover

Toledot peut se traduire par « engendrements », « descendance », notre paracha nous parle bien des enfants de Isaac et Rebecca. Mais Toledot, c’est aussi « l’histoire », « la vie ». 

Cette Paracha nous présente la vie d’Isaac. Isaac appelle son fils pour lui transmettre la bénédiction de droit d’ainesse.

Nous lisons : 
Isaac est vieux, il a du mal à voir – il appelle Esaü, son fils aîné, et lui dit : ‘mon fils’, et Esaü répond, ” hinéni “, “me voici”. (chap 27 : 1) 

Ce mot ne vous rappelle pas quelque chose ?
Effectivement le mot Hineni, me voici, je l’ai déjà entendu dans une autre histoire ! Ou même plusieurs fois dans la Torah ! 

Dans l’histoire du « sacrifice » d’Isaac, dans la paracha Vayera , par exemple,  Abraham est appelé par Dieu et la réponse d’Abraham se réduit à un seul mot : « hinéni ». (Gen. 22 : 1)
Rachi nous explique que « ainsi répondent les gens pieux exprimant leur humilité et leur disponibilité »

Ensuite, dans ce même récit, le « me voici » revient (Gen. 22 :7) dans la seule conversation engagée entre Abraham et Isaac montant sur la montagne. 
Et Isaac parla à Abraham…. « mon père », et Abraham répondit : Hineni béni » me voici mon fils. 
Ici c’est Abraham, en tant que père qui répond à son fils : “hinéni”, “me voici”. Après une marche de 3 jours, une marche pesante, silencieuse, Isaac se raccroche au seul être sur qui il puisse s’appuyer et Abraham, son père, l’apaise avec ce mot « je suis là ! »

Une fois arrivés en haut de la montagne Isaac demanda à son père : 
« Voici le feu et le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? »
Maintenant, que signifie cette question ? 
Peut-être que c’est à ce moment qu’Isaac est envahi par une crainte subite, il comprend qu’il est probablement l’agneau, donc il peut  se questionner :  est-ce que je vais mourir ? Et Abraham se cache derrière Dieu et répond “Dieu m’aidera à trouver de la viande pour le sacrifice”. 

Revenons à notre paracha ! 
Que se passe-t-il après qu’Esaü répond, “hinéni” ? 
Eh bien, Isaac explique : “voilà, je suis vieux, je ne sais pas quand est ce que je vais mourir”. 
Dans les deux histoires, c’est Isaac qui parle. Isaac à son père dans l’histoire du « sacrifice » et dans notre paracha Isaac à son fils Esaü… et la mort d’Isaac est évoquée dans les deux conversations !
Esaü va donc dans les champs, comme demandé par son père et là, Jacob arrive et trompe son père en prétendant qu’il est Esaü… 

Ainsi  Jacob commence à parler devant son père aveugle.
Jacob s’approche de son père, “et il dit”, “Mon père”. “Et Isaac dit, ‘Me voici, Hineni,  qui es-tu mon fils?” 
A nouveau notre mot « hineni » apparait !!!… Jacob vient ici pour continuer le dialogue commencé entre Isaac et Esaü .
Mais cette fois ci l’histoire se répète ! Un fils appelle son père et dit “mon père”, comme dans la paracha Vayera, vous vous rappelez ? 
De plus, la réponse est la même. Abraham PERE et Isaac PERE disent “hinéni”, à leur fils !

Que se passe-t-il ensuite ?
Jacob se fait passer pour Esaü. « Je suis Esaü », j’ai fait ce que tu m’as demandé, s’il te plaît, mange la viande. 
Isaac répond : Tu as été rapide ! comment as-tu trouvé la viande aussi vite ?” 
Et maintenant c’est Jacob qui se cache derrière Dieu en disant ” ton Dieu, m’a aidé à la trouver rapidement”. 

Ainsi, ces deux histoires sont liées, comme si la conversation entre Abraham et Isaac était répétée dans notre paracha. Mais dans la première histoire, il y avait un père et un fils, et ici, il y a un père et deux fils, Jacob et Esaü. 

C’est incroyable de découvrir autant de liens dans la Torah !
Donc, je me pose la question : pourquoi ? Pourquoi ces deux histoires ont tellement de points en commun ? 

Je pense que, lors du « sacrifice d’Isaac, Isaac est devenu le porteur d’une promesse. La promesse faite par Dieu à Abraham : “J’apporterai la bénédiction au monde à travers toi”. Et maintenant, à la fin de la vie d’Isaac, il est temps pour Isaac de transmettre cette bénédiction. 
Il choisit Esaü mais Jacob veut cette bénédiction, il doit s’introduire pour l’obtenir !

Ainsi dans notre paracha, la vie d’Isaac est au centre: c’est lui qui a reçu l’héritage de la bénédiction de la part d’’Abraham, c’est lui qui répond maintenant Hineni!  Je suis prêt à transmettre cet héritage! L’héritage reçu par Abraham, transmit à Isaac, et maintenant à Jacob qui donnera naissance aux 12 tribus d’Israël !

Je me suis posé une question toute simple… Qu’est-ce qu’ « Hineni » pour moi ?
En hébreu Hineni c’est une fusion de hiné (ici) et ani (Je). Cela signifie en même temps : « ici je suis ! », « Je suis ici ! » et « Je suis ! »
 
Pour moi, Hineni, c’est être prêt pour accomplir des choses importantes, être actif, agir, prendre des bonnes décisions.
A mon âge, c’est peut-être, prêter une attention particulière à ma famille, à ma communauté, au monde qui m’entoure afin de le changer et l’améliorer.
Comme Isaac, mes grands-parents, et mes parents, à leur tour ont répondu « Hineni » et m’ont transmis mon immense amour pour le judaïsme. Ainsi, aujourd’hui, jour de ma Bar Mitsva, je dis me voici ! Je suis prêt !
 
Je voudrais finir avec la prière Hineni récitée à Roch HaChana et Kippour:

הִנְנִי הֶעָנִי מִמַּעַשׂ

Me voici présent devant Toi …moi qui suis pourtant si dépourvu de mérites. C’est pourquoi je tremble d’une sainte frayeur devant L’Éternel qui trône au milieu des louanges d’Israël….
….Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Éternel, Dieu de pitié et de miséricorde…
 

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