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Lekh Lekha: vers la meilleure version de soi-même

Dracha prononcée par Elia, à l'occasion de sa Bat Mitvsa le 26 octobre 2023

Par Elia

Boker Tov,

Dieu demande à Abram de tout quitter, de laisser son passé derrière lui, et de marcher vers une autre terre inconnue: Va vers toi de ta terre, de ta patrie et de la maison de ton père, vers la terre que je te montrerai.  

Pourquoi devrait-il partir? Où ira-t-il et dans quelle direction? Que devra-t-il faire une fois arrivé? Tout cela n’est pas très clair ! La Torah ne nous donne aucune explication sur la raison de cet ordre divin. On peut donc l’interpréter de plusieurs façons. 

Pour nos sages, l’émigration d’Abram est une étape nécessaire qui va construire sa personnalité vers le destin qu’il accomplira en tant que Père d’une nouvelle nation. Il doit quitter son monde matériel pour se consacrer plus au monde spirituel. Et pour cela, il doit s’éloigner des influences négatives de son environnement qui l’empêchent d’évoluer.

Lekh Lékha signifie va vers toi, pour toi, avance, évolue, cherche à t’améliorer, à t’élever, intériorise-toi, prend la décision de changer, même si pour cela, il te faut tout quitter ! 

Mais vers quel avenir va Abram, vers quel but?

Là aussi, le texte ne le dit pas, ce qui suggère que c’est à Abram de façonner cet avenir, de fixer les objectifs, et de décider de la façon de les atteindre pour conquérir son propre chemin. 

Et c’est précisément cet ordre divin sans but précis, qui donne un sens à l’initiative personnelle. Dieu lui montre que c’est à lui seul de créer son avenir ! 

Il lui indique la direction de la marche : Lekh-Lékha – sors de toutes influences extérieures : ta terre, ta patrie, ta maison et va au plus profond de ton âme, vers la meilleure version de toi-même, vers ce que tu es réellement au fond de toi, et exploite toutes tes capacités et ton potentiel, afin de te réaliser pleinement pour devenir (le premier patriarche d’Israël)!

Lorsque l’on est bloqué dans un endroit ou dans une situation, où il n’y a aucun changement ni progrès, on finit par stagner. Il faut alors bouger, changer de condition, chercher autre chose, dépasser ses propres limites pour se découvrir, il faut marcher !

Et pour cela, on doit laisser ses habitudes même si elles sont devenues une seconde nature, briser tous les cadres de ce qu’on savait, comprenait et pensait, sans pour autant les oublier, et entamer un voyage initiatique à travers de nouvelles d’expériences. 

Lekh-Lékha  est un appel à la réalisation de soi et il résonne en chacun de nous. Il  nous demande de « partir » vers notre propre destinée, vers nous-même, de nous intérioriser, de marcher, afin de devenir. 

Dieu n’indique pas la destination à Abram, car ce n’est pas elle qui est importante mais le fait même de marcher, d’avancer, de gravir les échelons.

Quitter tout ce que l’on a pour entreprendre un long voyage vers l’inconnu est une expérience difficile. Le chemin peut être semé d’incertitudes et d’obstacles, parfois même périlleux. 

Moi-même, à travers mes 12 premières années de vie, j’ai expérimenté plusieurs fois cette notion de Lekh Lékha.  Par exemple, avec ma famille, nous avons vécu plusieurs années à Hong-Kong où j’ai pris racines. Et quand il fallait partir vers Paris, c’était très dur, car tout ce que j’ai laissé derrière moi me manquait. 

Mais, j’étais ouverte au changement et à la découverte, et bien que ce fût difficile, je me suis adaptée, tout en restant, la même mais enrichie.  D’instinct, j’ai compris, que mon chemin pour grandir et  évoluer devait passer par ce départ, ce Lekh-Lékha.  

Et aujourd’hui, jour de ma Bat Mitsva, je suis encore plus concernée par ce Lekh Lékha qui pour moi signifie : quitter mon enfance vers le chemin que je dois emprunter pour devenir une jeune femme responsable et autonome.

Et ça me fait penser à une qualité que je partage avec Abram : la résistance au découragement.

En effet, Abram obéi à l’ordre divin sans se poser des questions, renonçant à tout. Il a confiance en Dieu qui lui promet une grande descendance. Mais pour que cette promesse divine s’accomplisse, il lui manque l’élément essentiel un enfant.

Or Abram et Sarah restent sans enfant ! L’avenir s’arrêtera-t-il là pour eux?  Comment réaliser la promesse divine sans enfant ?  Est-ce que tout devra disparaitre sans continuité ? Pourquoi alors ce parcours de Lekh-lékha ?

On connait tous la fin heureuse de cette histoire. Le  rire d’Abraham et de Sarah et leur espoir ne nous ont jamais quittés et continuent à nous accompagner. Nous rions et racontons toujours des histoires drôles – et ô combien sages.  Hatikva – l’espoir qu’ils nous ont enseigné, est devenu notre  hymne national. 

En entamant sa marche, Abraham, est devenu le 1er Ivri – le passant, le père de Monothéisme, notre premier patriarche et le 1er à avoir fait une Alia! 

Il nous a appris à faire face aux obstacles de la vie, aussi durs soient-ils. On traverse parfois des épreuves qui peuvent bousculer nos projets et nos attentes. Mais on ne doit jamais perdre espoir. Car  il n’y a pas qu’un seul itinéraire, ou qu’une seule façon d’y arriver. A chacun de trouver le ou les siens !

Rendons hommage à Abraham : malgré les coups qui nous frappent, inventons nos réponses aux défis du moment. Comme Abraham, soyons patients et persévérants même si parfois nous sommes inquiets ou en colère. Essayons de comprendre ce qui se passe autour de nous, et supportons l’adversité qui nous fait évoluer. Préparons l’avenir avec confiance tout en continuant à marcher, à avancer vers les projets que nous souhaitons mener, vers notre chemin. Amen ! 

Retrouvez ici la dracha du rabbin Josh Weiner sur la paracha Lekh Lekha 5784

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