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Korah: le ketoret et le vaccin

Dracha prononcée par Daniel à l'occasion de sa Bar Mitsva le 24 juin 2023

Par Daniel, à l’occasion de sa Bar Mitsva

La paracha Korah est une des plus violentes des parachot depuis la sortie d’Égypte. Elle se solde par des milliers de morts. Et tout cela pourquoi ?

Pour la première fois, le récit biblique nous raconte une querelle interne menée par Korah qui attaque la position d’Aaron en tant que Cohen Gadol. Pourquoi envie-t-il la position de Cohen ? Qu’y a-t-il de spécifique dans le travail du Cohen Gadol ? S’agit-il du travail de l’encens (la ktoret), réservé au Cohen Gadol ? Je vais le développer par la suite.

Les commentateurs se débattent sur la chronologie de cet épisode dans la Torah : Iben Ezra le place après « l’inauguration du Tabernacle, » Le Ramban, après l’épisode « des explorateurs. »

Quoi qu’il en soit, il est clair que cela se passe au tout début de prise de fonctions d’Aaron en tant qu’intermédiaire entre Dieu et les enfants d’Israël. Ce rôle d’Aaron est jalousé par Korah et les personnes qu’il a assemblé autour de lui pour soutenir sa cause. Ils sont de plus, mécontents de la fonction qui leur était attribué en tant que Lévites.

Selon le commentateur Hersh Goldwrum, cette logique peut vite mettre en doute les commandements divins dans leur ensemble. Le Midrash nous raconte un exemple, qui va dans ce sens : « Korah pour défier la loi sur la tsitsit, qu’on trouve aussi dans le Chema Israël, « Ils placeront sur la frange un fils de couleur azur. » (Nombres 19,39), confectionne donc des talitot tous tissés entièrement de fils de couleur azur. Puis il confronte Moïse en lui demandant, d’un ton railleur :  « Est-ce que pour un vêtement de fils azur, faut-il rajouter en plus une frange de couleur azur ? » La réponse est évidement OUI. Douter d’un seul commandement peut mener à rejeter l’ensemble des lois de la Torah. 

J’aurais pu développer l’idée de la protestation et de la manifestation du mécontentement, mais j’ai choisi de traiter le sujet du châtiment divin, qui s’abat sur le peuple après la mort spectaculaire de Korah et des deux-cent cinquante partisans. Ce châtiment arrive en forme d’une pandémie foudroyant qu’on nomme en hébreu « maguéfa. »

Pour l’arrêter, Moïse ordonne à Aaron de mettre du ktoret sur son bâton et de se dépêcher au milieu de l’assemblée pour stopper le fléau. Puis le narrateur biblique nous décrit Aaron qui court avec l’encens et fait rempart entre les morts et les vivants… Et le fléau s’arrêta. Pourquoi c’est précisément l’encens que Moïse demande à Aaron d’utiliser pour arrêter le fléau ?

Comme vous le savez, l’encens, comme il est décrit dans « Pitoum Hacktoret », était fabriqué à base de 11 ingrédients que seul le Cohen Gadol avait le droit d’utiliser et de toucher. Nous avons vu dans les épisodes précédents que celui qui en use sans permission est passible de mort. La preuve : la mort des deux fils d’Aaron (Lévitique chap. 10 V9).

D’après certains commentateurs, grâce à ses actions Dieu a démontré à Aaron et au peuple d’Israël que l’encens n’était pas synonyme de mort mais de guérison.

J’ai choisi de parler de ce passage sur la pandémie qui frappe les enfants d’Israël dans le désert du Sinaï, car nous avons traversé récemment une épidémie mondiale, rarement égalée dans l’histoire contemporaine. Pendant quelques mois, nous fûmes obligés de rester chez nous et de restreindre tous nos mouvements de peur de contagion et de la mort.

J’étais encore jeune, mais je me rappelle très bien que pendant le confinement, on s’était tellement ennuyé, que moi et ma sœur, Sarah, avions déplacé les meubles et fait de la gym dans le salon. Puis les cours de zoom sont arrivés. Sans exagérer ¾ de la classe était sur Netflix ou sur des jeux vidéo. Je me rappelle que j’avais vu ma mère très inquiète. Qui est d’habitude très inquiète, mais là… 

Aujourd’hui lorsque je marche dans la rue et je vois une personne avec une visière et un masque cela me semble bizarre alors qu’il y a juste une dizaine de mois, tout le monde portait des masques et c’était obligatoire.

Bref je m’égare. Revenons à notre paracha.

Je peux imaginer Aaron se tenir avec le bâton d’encens au milieu de la foule pour arrêter l’épidémie un peu comme lorsqu’on allait faire la queue pour se faire vacciner.

Qu’elle rapport entre le ktoret du Cohen Gadol et les vaccins ? Il est dit que le Ktoret fait acte de Capara et c’est pour cela qu’Aaron l’utilise. Il vient pour apaiser la colère divine.  Quand j’ai étudié le passage de Pitoun Hakoret, qu’on lit quotidiennement à la synagogue, j’ai appris que certains attribuent à la lecture de ce passage, une protection contre les maladies de toutes sortes. La pandémie du Covid 19 et le confinement nous ont servi de signal d’alarme collectif à toute l’humanité en tant qu’un ensemble qui est aussi en danger.

Sans l’action d’Aaron, à combien de morts se solderait cette épidémie ? Sans vaccins contre la COVID 19 combien de victimes en plus il y auraient dans le monde ? Nous pouvons comparer le ketoret au vaccin car cela était une solution pour l’épidémie qui frappait la population. Tous les deux, le ketoret et le vaccin, donnent de l’espoir de survivance, et signalent une croyance en quelque chose plus grande que nous, soit Dieu dans notre paracha dont Il se manifeste par l’intermédiaire du Ketoret, soit la science à notre époque, et les solutions auxquelles elles nous mène.

Ce qui est clair c’est que le rôle d’Aaron, mis en doute par Korah au début de la paracha, est largement confirmé par son action. C’est lui le héros du jour, comme les scientifiques l’ont été lors de la pandémie.

Retrouvez ici la paracha Korah 5783 par le rabbin Josh Weiner

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