Chabbat shalom !
On raconte que Jacob, fils d’Isaac, fut contraint de fuir la maison de ses parents pour échapper à la colère de son frère, Esaü, et doit chercher une épouse parmi la famille de sa mère, Rebecca.
La Paracha Vayetsé commence ainsi :
« Et Jacob partit de Bersabée, et se dirigea vers Haran »
Ce n’est pas n’importe quel départ.
Jacob quitte la maison de ses parents pour un monde inconnu, celui de Laban.
Il quitte un lieu de sainteté et d’étude pour un monde de défis, de contradictions et de doutes.
En réalité, le départ de Jacob n’est pas une fuite, c’est plutôt une mission. Il se prépare à sa vie d’adulte, une vie de responsabilité, celle de son foyer et de la Parentalité.
Il part de sa maison pour construire à son tour une famille dans un monde moins pur et semé d’embuches.
Qui ne s’est pas retrouvé dans cette situation à un moment de sa vie ?
Un jour, chacun de nous quitte Bersabée pour un lieu d’incertitude et d’insécurité.
Et comme Jacob, nous partons avec un rêve, celui de fonder un foyer fidèle et aimant, porteur d’espérance.
C’est ce que nous apprend Jacob lorsqu’il s’endort sur une pierre en chemin et qu’il rêve d’une échelle dressée vers le ciel. Des « messagers divins », des anges, y montaient et descendaient.
Dieu qui se trouvait en haut lui dit :
« Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham ton père et d’Isaac : Cette terre sur laquelle tu te reposes, je la donnerai à toi et à tes descendants et toutes les familles sur la terre seront bénies, vois, je suis avec toi et je te protègerai où que tu ailles. »
Ce rêve, c’est aussi celui de tous les parents.
Nous rêvons, à notre manière, d’une échelle pour nos enfants qui puisse les aider à grandir, s’élever et trouver leur voie sur terre mais aussi leur voie spirituelle, tournée vers le ciel.
Les anges qui montent et qui descendent symbolisent alors les hauts et les bas de la vie, les réussites et les épreuves.
Ce que Dieu promet à Jacob, c’est d’être présent à chaque barreau de l’échelle gravi, pour nous permettre de s’élever vers sa Sagesse. Ce soutien infaillible, ce lien puissant, nous permet en tant que parent de tenir fermement la base de l’échelle pour donner un avenir stable et une terre solide d’où s’élanceront nos enfants, car notre rôle n’est pas de grimper à leur place mais d’être leur guide pour affronter la vie.
Ce principe de socle solide de l’éducation, nous le retrouvons dans son amour pour Rachel.
Jacob poursuit sa route et arrive près d’un puits où il rencontre Rachel, pour la première fois.
Pour ce couple amoureux, c’est le début de nombreuses épreuves.
Jacob et Rachel s’arment alors de patience et sont animés tous les deux par ce même désir de construire un foyer ayant pour fondation, foi et patience.
Ils affronteront ensemble l’attente, les épreuves, la tromperie, la stérilité, la rivalité mais ils restent unis.
C’est de cet équilibre entre foi et fidélité que naitront les 12 Tribus d’Israël.
Jacob élèvera ses enfants dans la maison de Laban. Le monde dans lequel ils grandiront n’est pas parfait et même corrompu mais il réussira à préserver leur pureté, leur identité et leur lien avec D.ieu, sans se détourner de lui. C’est là toute notre mission de parents, faire grandir nos enfants dans un monde complexe, parfois contradictoire, incertain sans qu’ils perdent leur lumière.
Cela demande alors la même foi et patience que Jacob et Rachel.
A la fin de la Paracha, Jacob rentre chez lui.
Il a traversé les épreuves, fondé un foyer, élevé ses enfants et lorsqu’il revient et on raconte que Dieu lui envoie des anges pour l’accueillir. Ce retour symbolise la récompense de tous parents après les inquiétudes, les nuits blanches et les épreuves. C’est le moment où l’on voit le fruit de nos efforts, celui où les enfants sont près à vivre à leur tour, leur vie de jeunes adultes.
Alors, le rêve de Jacob raconté, au début de la Paracha Vayetsé, ne s’arrête pas.
Jacob s’endort seul dans la nuit de son départ mais se réveille en disant :
« Dieu est ici et moi je ne le savais pas »
Ce verset contient un message essentiel pour nous tous.
Souvent, nous croyons que la présence de Dieu se trouve dans les grands moments, les lieux sacrés ou des évènements exceptionnels. En fait, la présence de Dieu ne commence pas lorsque nous la ressentons. Elle est là même quand nous ne la voyons pas. La réaction de Jacob n’est pas seulement une constatation, c’est une prise de conscience, une ouverture des yeux.
Puissions-nous alors comme Jacob, ouvrir les yeux sur ce qui était invisible jusque-là et voir que Dieu est à nos côtés, dans nos foyers, dans le rire de nos enfants et dans l’amour que l’on porte à notre famille.
Chabbat shalom à tous les parents,
Chabbat shalom à vous tous.